« Rovave, sa rovave ». Je ne sais pas ce que ces mots signifient, mais peu importe. La musique m’emporte et les images affluent. Le Danube Bleu m’ouvre à nouveau ses portes et je retrouve un décor oublié depuis bien longtemps. Ça a duré combien de temps au juste ? Je ne sais plus. Peut-être six mois, peut-être un an.
Nous nous y retrouvions plusieurs fois par semaine après les répétitions, et devant un Picon nous parlions avec les notes d’un violon-guitare qui faisait écho au bruit des verres. Les volutes de fumée bleue portaient nos mélodies un delà café et nos esprits au delà du réel.
Les habitués du café voyageaient avec nous, nous encourageaient sans cesse et nous incitaient à poursuivre. Déliées par le flot de sons et de cervoises, les langues racontaient çà et là des morceaux de vie. Tous finissaient par se confier aux autres, aux verres et aux murs. Chacun repartait le cœur léger, vagabondant dans ses jardins secrets, oubliant la dure réalité, le vide, les remords et les regrets d’une vie trop peu souvent maîtrisée.
Chez le Hongrois, c’était ailleurs. Un refuge hors du monde. Hors du temps.
« Amantito », l’air a changé, pas l’esprit. Ces souvenirs reviennent plus forts encore. Merci Titi d’être le gardien de ces trésors.