Insomniaque agacé par mille tourments
Je crie par le balcon de mon appartement :
Mais qui donc pousse ces cris de douleurs
Qui déchirent le silence de la nuit
Et d’ou viennent ces hurlements de terreur
Qui agitent le calme de minuit ?
Ne les entendez-vous pas ? Ils flottent
Dans l’air comme des pigeons voyageurs
Qui cherchent désespérément la porte
D’un humain non avare de bonheur !
Un vieil homme qui passait par ici
Prend la parole et dit ceci :
Je les entends, il y en a partout
Et quand je lève les yeux vers le ciel
Chaque étoile sous mère lune me dit vous
Enfants isolés doux comme le miel
Mais sommes-nous seuls à entendre cette détresse
Qui vient d’Afrique, d’Asie, et d’Ailleurs
De ces bambins que j’aimerais voir en liesse
Et que nous enfonçons dans le malheur ?
Surpris d’avoir été écouté
Je réponds d’un air interloqué :
Tous nous les entendons mais sommes gênés
Et bon nombre préfèrent se taire à tout prix
Pour la misère ne vienne pas frapper
Aux portes de leur joli Paradis
Je suis étonné d’avoir face à moi
Un gentilhomme qui a eu le courage
De libérer sa parole et qui voit
Ce sur quoi les autres tournent la page.
Alors cet homme somme toute admirable
Me dit ces paroles honorables :
La vie marginale transforme un humain
Quand tout lui est pris plus rien n’est à prendre
Et très vite il a le cœur sur la main
Il y a une chose qu’il faut apprendre :
Les personnes pressées ne prennent plus le temps
La nuit d’écouter les messages du vent
Elles sont trop épuisées pour qu’à des gens
Elles se consacrent rien qu’un bref instant
Absolument convaincu par la force de ces mots
Qu’il s’agit de l’homme qu’il me faut, je propose (un peu tôt) :
Si comme dit tu n’as plus rien à laisser
Viens avec moi sur un autre continent
Suivons les traces de ceux qui l’ont fait
Et offrons à la misère mon argent…
– l’air affolé, il s’enfuit –
Nicolas QUENTIN
Heillecourt, 23 Février 1999