On parle beaucoup de la pollution de l’air, de l’eau et des sols. On nous assène d’informations sur le réchauffement qui en découle. Parfois, d’inconscientes personnes osent évoquer les ondes radio qui prolifèrent autour de nous et leur soit disante inoffensivité. Mais le bruit? Qui s’en préoccupe?

Il est 14H00. Je suis au pied du Jura. En bas de la Montagne de Boujean plus exactement. Belle et majestueuse sous un manteau rouge et or offert par l’automne, cette grosse colline domine la petite zone industrielle au cœur de laquelle je passe la majeure partie de mon temps. Le ciel est bleu, les oiseaux s’y prélassent. Un léger vent nous siffle un air de liberté. Il fait si bon que je brûle d’envie d’ouvrir la fenêtre…

Les baies grandes ouvertes, je reprends conscience. Un avion passe en hurlant au dessus de nos têtes et un chantier au pied du bâtiment fait vrombir une dizaine de moteurs. Je m’affole et remarque à nouveau les innombrables sonneries de téléphone qui retentissent autour de moi, les collègues qui discutent à trop haute voix, le compresseur de la machine à expresso qui vibre …

L’air est dense d’un bruit épuisant qui transforme mon petit paradis en véritable cauchemar. Un fléau qui s’impose subrepticement et durablement. Ça me rend fou!

Alors, pour suivre mes contemporains, je sors un lecteur mp3 de mon tiroir et casque sur les oreilles, je travaille en écoutant « Du Simple Au Néant ». Du bruit mélodieux pour masquer l’infernal. Mais toujours et encore du bruit.

Je rêve d’un monde silencieux, dans lequel les sons ne proviendraient que d’instruments et les gens parleraient avec beaucoup de douceur. Je voudrais pouvoir ouvrir les fenêtres sans entendre autre chose que le doux chant des oiseaux. Je vois un monde d’une telle plénitude que le stress ou le bruit n’auraient aucun vocable pour les désigner.

18H00

Enfin un peu de répit. Mes collègues sont allés chercher leurs mômes à la crèche, les ouvriers sont partis s’abandonner devant une télévision hurlante. Chacun retrouve le bruit sans lequel il a peur de la vie, sans lequel il se sent vide.

Et moi je retire mes écouteurs… et je respire profondément ce silence qui m’envahit. Enfin !